On ne peint pas une icône. On l’écrit.
Et on l’écrit pour dire le plus fidèlement possible la foi de l’Église avec des couleurs. Chaque ligne, chaque teinte dit quelque chose de cette foi reçue, à transmettre avec fidélité.
L’iconographe prie avant d’écrire. Il se laisse habiter par le mystère dont il veut entrouvrir la porte. Ce qu’il va graver sur l’enduit qui couvre le bois se grave aussi dans son cœur. Il va partir des couleurs les plus sombres – des ténèbres de sa foi – pour, par touches successives et de plus en plus fines, disposer les plus claires : il accède à la lumière en illuminant de quelques derniers traits l e visage du Christ, de Marie et des saints.
Dans l’icône, il n’y a jamais de ciel bleu, avec nuages et petits oiseaux, mais seulement l’or inaltérable de la lumière de Dieu. Celui qui regarde l’icône s’ouvre à Dieu, à ce Dieu unique qui bouleverse celui qui s’en laisse habiter, d’où le renversement des lignes de fuite qui s’écartent au lieu de se rejoindre à l’infini, et nous emmènent vers un horizon sans limites.
L’iconographe est humble. Il ne signe jamais de son nom l’œuvre dont il veut qu’elle lui échappe.
Il demande à l’Église de consacrer et de reconnaître, par le fait même, qu’elle dit bien la foi. Elle est alors un vrai "sacramental", un chemin de rencontre authentique de Dieu et des saints.
D’où la vénération dont nos frères chrétiens d’Orient l’entourent. Ils l’embrassent, l’encensent et l’illuminent, avec de véritables fagots de cierges.
L'icône Notre-Dame de Grâce
Elle est sans doute d’origine byzantine.
Ellle a dû être retouchée, surtout pour les visages, par un peintre de sensibilité italienne.
Mais telle quelle, la cathédrale de Cambrai est honorée de sa présence, et chacun pourra lire dans un livret ce que Monsieur le Chanoine Denis LECOMPTE en dit de manière si juste
Il me reste un rêve d’évêque à vous confier : celle de voir des pèlerins de plus en plus nombreux venir prier devant elle. Parce que Marie toute sainte nous regarde tous, qui que nous soyons et quoi que nous ayons réussi ou raté, avec le même regard que celui qu’elle a pour son Fils. Devant elle, chacun se sait accueilli, écouté, respecté, encore espéré.
A ses yeux, comme à ceux de son enfant, chacun est unique, précieux, toujours digne de recevoir "la mission d’aimer mieux". Si la petite Bernadette l’a trouvée la plus ressemblante à la "belle Dame" de la grotte de Lourdes, alors chaque habitant du nord de la France, et, à plus forte raison, chaque diocésain de Cambrai, pourra y faire pèlerinage.
Par Notre-Dame de Grâce, il ira par le plus court chemin : à la rencontre qui change tout quand elle est vraie, celle de son Fils Jésus.
+ François GARNIER
Archevêque de Cambrai